Il semble aujourd’hui évident de défendre la nature contre les ravages opérés par l’industrialisation des territoires. Pourtant, notre conception moderne de la nature, comme un monde séparé de celui des humains, n’a pas plus de trois siècles.
Si un promeneur contemporain jouit aujourd’hui du spectacle de la nature, il n’y avait, pour les paysans d’avant la révolution industrielle, que des milieux de vie partagés, c’est-à-dire habités, jusqu’au cœur des forêts, aussi bien par les humains que par les plantes et les animaux.
En revenant sur l’histoire des sociétés paysannes et sur leur relation constante aux vivants, nous montrerons pourquoi notre conception moderne d’une nature autre que les humains, nous empêche peut-être, à l’heure où notre monde s’effondre, d’expérimenter et de penser avec tous les vivants, comme les plantes et les animaux, de nouvelles manières d’habiter nos milieux de vie.
Damien Darcis est Professeur de Philosophie à l’Université de Mons. Il travaille, dans le domaine de l’écologie politique, sur la déconstruction de l’idée de nature et la réinvention de milieux de vie communs aux vivants humains et non-humains (les plantes et les animaux).
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